Arts & Vulnérabilités
Projet de recherche Extrapole / KDAC (2022 - 2024)
Note d'intention - Premier séminaire - Séoul, 2022 :
Les récents mouvements de lutte théorique et politique dans les pays anglo-saxons ont souligné la nécessité pour la recherche universitaire de s'engager dans des processus fondés sur la participation et la recherche conjointe avec les communautés et les parties prenantes (en paraphrasant la formule "rien sur nous sans nous"). Ce principe de ne pas opposer les pratiques et les théories afin de coproduire des connaissances est au cœur de ce projet sur l'art et le handicap et, plus largement, la vulnérabilité. Jusqu'à présent, nous pouvons constater le manque d'espaces communs réunissant des artistes, des critiques, des chercheur.ses et des professionnelles pour avancer sur les questions de danse/art et de handicap. À cet égard, ce projet représente une occasion très spéciale et unique de se rencontrer et de développer nos pratiques d'une manière transnationale et interdisciplinaire afin d'accroître les connaissances sur la question de l'art du handicap.
Considérant que la recherche implique un accroissement des connaissances sur un sujet donné, et dans notre cas le sujet de l'art et de son accessibilité pour les publics et les artistes incluant la catégorie des personnes dites handicapées, il est apparu évident et légitime de mettre en place un groupe de travail coréen capable de la mener.

Enjeux :
D'une part, cette recherche interroge notre capacité à former un groupe de travail qui travaillera principalement à distance et à trouver un consensus sur les urgences et les priorités liées aux situations sociales coréennes et aux besoins dans le domaine de l'art et du handicap. D'autre part, ce projet vise à questionner et à produire des catégories pour différencier les diverses problématiques les unes par rapport aux autres et à trouver des supports pertinents pour partager les résultats avec un public international plus large en septembre 2024.
Par exemple, sur la base des entretiens et des échanges, les questions suivantes ont été soulevées :
- Nous identifions-nous à la notion de catégorie et d'étiquette d'art du handicap ?
- Qu'est-ce que cela signifie et implique de regarder et de parler d'œuvres impliquant toutes sortes de handicaps (questions de discours, de critique d'art et de regard) ?
La méthodologie que nous proposons est basée sur le cadre de recherche Bodystorming, qui a été initié par Julie Nioche et Isabelle Ginot en 2019, comme un soutien aux groupes de pairs concernés par la danse et la connaissance du mouvement. Les membres sont des artistes, des travailleur·euse·s sociales·aux, des travailleur·euse·s culturel·le·s concerné·es par la mise en œuvre de projets avec des personnes victimes de discriminations sociales, de genre, d'âge, de handicap. Au fil du temps, un groupe de base s'est constitué et a commencé à façonner le processus en tant que ressource pour une communauté plus large d'artistes, de professionnel·le·s des soins, de travailleur·euse·s sociales·aux, concerné·es par l'utilisation du mouvement et de la danse en tant qu'outil d'autonomisation et d'action. En 2023, ce groupe de base a décidé de partager cette base de travail tout en alimentant sa méthodologie en l'ouvrant à d'autres groupes, faisant ainsi du Bodystorming une ressource en libre accès pour d'autres groupes.
Bodystorming est un protocole de coproduction de connaissances, de co-recherche et de Co apprentissage sur la danse, le travail corporel et l'autonomisation. Il est conçu pour soutenir l'apprentissage par les pairs et le partage des connaissances, ainsi que la recherche collective dans le domaine de la danse et de la vulnérabilité.
Bodystorming est ouvert aux personnes expérimentées qui s'intéressent à ce domaine et souhaitent s'engager dans un processus collectif de partage des connaissances, de soutien par les pairs et de recherche. Chaque groupe peut concevoir son propre programme (en particulier les objectifs à atteindre) dans le cadre que le réseau de Bodystorming conçoit et offre à la communauté.
Par "connaissance", nous entendons à la fois la connaissance théorique et la connaissance du mouvement (expérimentation du mouvement), ce qui signifie que la recherche est structurée par des lectures, des discussions conceptuelles, ainsi que par l'expérimentation du mouvement, des processus créatifs de toutes sortes. Par connaissance, nous entendons une circulation active entre l'expérimentation et la conceptualisation (dans les deux sens), sans hiérarchie de valeur.
Bodystorming est un lieu de création et d'expérimentation de formats de recherche. Par "concerné·es", nous entendons les danseur·euse·s, artistes, éducateur·euse·s, soignant·e·s, travailleur·euse·s sociales·aux, chercheur·euse·s, qui ont l'expérience de l'utilisation de la danse/de l'art/du mouvement comme outil politique et émancipateur, en particulier pour les personnes considérées comme discriminées, vulnérables et échappant totalement aux normes sociales (en termes de corps, de cognition, d'âge, de genre, etc.)
