« La créativité encourage la connexion. Et cette connexion qui nous relie à notre moi authentique, qui nous force à sortir de notre zone de confort, nous aide à prendre conscience de l’impact que nous avons sur les autres, habitués que nous sommes à traverser l’existence à tâtons dans le brouhaha convulsif de l’enfilade des jours, à piocher au petit bonheur dans chaque rencontre, sans être capables de voir au-delà …
[…]
La connexion compense l’apathie. C’est le premier pas vers la reconnaissance, le sens du devoir ou la responsabilité. Éphémère ou durable, elle nous rapproche des autres. Elle déborde de joie. Elle est euphorique. Elle n’a peur de rien. Je me trouve dans un lieu avec des gens tout autour, je les vois, je sens leur présence, et ce que j’ai vécu fait que, au moment de quitter cette salle de spectacle, ce club étouffant, ce bar miteux, cet immense auditorium ou ce banc dans le parc où je lis le bouquin que j’ai emprunté, et de prendre le train pour traverser la ville et retourner là où m’attend mon lit, je serai parfaitement conscient·e de l’existence des techniciens qui entretiennent le réseau, des agents de gare qui balaient les quais et donnent le coup de sifflet annonçant la fermeture des portes. Conscient·e de mon humanité. Conscient·e de ma complicité. »
​
​
Tempest Kae, Connexion, trad. Madeleine Nasalik, Paris, éd. de l’Olivier, 2021, p. 18 puis p. 133.